En 2024, Tom Hébrard, membre du Tiers-lieu paysan de la Martinière a repris ses études à l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI). L’occasion de s’interroger sur quelques années d’activités au sein de l’association en tant que designer. Ce mémoire, traversé par des cas d’études liés au tiers-lieu tente d’en tirer quelques réflexions plus théoriques :
- Le cas de chantiers participatifs à la ferme permettant de développer quelques réflexions sur la notion de subsistance,
- le développement d’une démarche de « territoire école » qui donne l’occasion de s’interroger sur l’horizon biorégionaliste,
- la création de l’atelier partagé, qui occasionne une réflexions sur les perspectives technocratiques.
C’est aussi une interrogation sur des pratiques du design contemporaines et ce que ses implications avec des paysans, dans des territoires ruraux interroge et fait évoluer.
Designs et territoires : Pour une approche politique du design dans les redirections écologiques et sociales des territoires ruraux
Le design est fortement mobilisé depuis 10 ans auprès d’acteurs des politiques publiques à destination des territoires, notamment ruraux, par des collectifs pluridisciplinaires alliant design, sciences humaines et sciences politiques. A l’heure où cette démarche est devenue aussi importante que les disciplines historiques liées aux spécialités industrielles, il convient de s’interroger sur ce que peut le design et comment certaines méthodologies et pratiques semblent efficaces ou non pour participer à des mutations écologiques et sociales sur les territoires, que ce soit dans les manières de produire ou de s’organiser collectivement.
Mobilisé très largement par entreprises et pouvoir publics, le design semble peu impliqué dans une réflexion sur ce à quoi il participe à une échelle plus large. Il convient de revenir sur la nécessité de l’élaboration d’une pensée et d’une éducation politique des acteurs du design et d’une éducation au design de celles et ceux qui le mobilisent qui participent à l’évolution de modes de vie et, in fine, de choix de société.
En ce sens, le compagnonnage historique du design avec l’industrie, les modèles capitalistes et les politiques néo-libérales sont interrogés à la lumière de nouveaux professionnels du design qui portent une charge critique, participent à l’élaboration de projets politiques par le biais de leurs pratiques.
Ces approches témoignent d’une vision de société qui prend comme horizon de référence des modes de vie différents, inspirés par exemple des pensées éco féministes de la subsistance, de pensée post-urbaine, biorégionaliste ou encore d’une économie des communs et de l’entraide. Ces approches riches et complexes rouvrent les possibles. Leur analyse offre des pistes pour le repositionnement de la discipline, son enseignement et son implication dans les territoires.